Les Gardien-n-e-s des Portes face aux Restrictions Sociales

Mon article se focalisera exclusivement sur trois principales restrictions sociales que vivent les Gardien.n.e.s des Portes (Personnes Intermédiaires) en mettant en exergue, les sources, les circonstances, les répercussions de ces restrictions sociales ainsi que mes résolutions pour y remedier et les attenuer. Cliquez sur le lien ci-dessous et suivez les intructions relatives au paiement de cet article.

AVANT-PROPOS

Mâjintà Cosmique ©Dushime

L’emploi du vocabulaire «Gardien-n-e-s des Portes» terme employé par Sobonfu Somé et Malidoma Somé est utilisé pour désigner l’ensemble des personnes possédant des spécificités les rendant différent-e-s du restant de la société selon un paradigme kamite (noir-e). Toutefois, ayant conscience que la langue française est une langue étrangère, il convient de mentionner que le terme Gardien-n-e-s des Portes (Personnes Intermédiaires) sont les termes les plus adéquats pour nommer la particularité de ces personnes qui ont été, et qui sont encore considérées à tort comme «LGBTQIA+». L’acronyme «LGBTQIA+» s’accompagne de définitions et de concepts s’inscrivant dans un contexte occidental ne correspondant pas aux réalités kamites (noir-e-s) et ne pouvant en aucun cas s’appliquer aux Gardien-n-e-s des Portes. Cette notion de «Gardien-n-e-s des Portes» (Personnes Intermédiaires) correspond davantage à la terminologie «Two-Spirits» employée par les Premières Nations ainsi qu’à des terminologies similaires utilisées par d’autres peuples-nations dans leurs langues respectives.

DÉCHIREMENT INTÉRIEUR

Les Gardien.n.e.s des Portes (Personnes Intermédiaires) vivent une restriction liée à leur féminité et à leur masculinité. Les Gardiens des Portes, plus particulièrement les hommes-femmes sont les premiers dès leur enfance à subir le mépris, l’ostracisme et la haine. L’énergie féminine qu’ils manifestent est perçue dans les communautés kamites (noir-e-s) comme étant une défaillance de la masculinité, une atteinte à la virilité, une faiblesse d’esprit, un trouble mental, une malédiction. Ces perceptions ne sont que le fruit de séquelles, encore vivent et tenaces, liées aux traumatismes de l’esclavage et de la colonisation. À ce titre, il est important de mentionner que nos sociétés – avant l’introduction de l’esclavage arabo-musulman, de la traite négrière transatlantique et de la colonisation européenne – étaient régies par le principe du Féminin Sacré. Les femmes kamites (noir-e-s) occupaient des rôles considérables dans tous les aspects de la société. Pour ne citer que quelques exemples, elles étaient des souveraines [Dynastie des Kandake au Soudan, Ranavalona Manjaka à Madagascar, etc], elles étaient des guerrières à l’image des [Mino du Danhomey], elles étaient des figures emblématiques de résistance [Ejisuhema Nana Yaa Asantewaa de la nation Ashanti, Nehanda Nyakasikana dans l’actuel Zimbabwe, Nanny en Jamaïque, Les Trois Reines (Marie, Agnès et Mathilda) à Saint-Croix, Sojourner Truth et Septima Pointsette Clark aux États-Unis, Viola Desmond au Canada, etc]. Les fameux « explorateurs », majoritairement des hommes blancs à la solde de compagnies privées et d’empires esclavagistes et coloniaux, provenaient de sociétés patriarcales où les femmes étaient sous la domination juridique des hommes. Nos sociétés ayant été profondément déstructurées, nous avons hérité de cette vision erronée de la femme perçue comme étant un être faible et inférieur. Les Gardiennes des Portes, plus particulièrement les femmes-hommes, sont les premières à subir la condition féminine actuelle associée à la soumission. Elles sont partiellement ou totalement absentes des pouvoirs décisionnels qui régissent la vie en société. Elles sont prisonnières du diktat des hommes qui les préfigurent comme des personnes devant se limiter dans leur sexualité, leurs opinions, leurs ambitions, leurs tenues vestimentaires, etc. L’énergie masculine qu’elles manifestent est perçue dans les communautés kamites (noir-e-s) comme étant une altération de la fémininité, une force de caractère (puisque la force, dans ce contexte est associée à la masculinité et la faiblesse à la féminité), un état temporaire et sujet aux fantasmes lubriques des hommes (puisque le fait d’être une femme-homme est uniquement confinée sous l’angle de la sexualité), une menace à la virilité exacerbé des hommes (d’où les nombreux cas de viols dit correctifs répertoriés, le phallus étant l’élément déterminant rappelant aux femmes leur place dans la société). Ainsi donc, le déchirement intérieur se manifeste de la façon suivante :

Perceptibilité

L’environnement dans lequel évoluent les Gardien.n.e.s des Portes (Personnes Intermédiaires) n’est pas favorable à leur épanouissement. Dès l’enfance lorsque les hommes-femmes montrent des signes de féminité, ils subissent automatiquement une réprobation sociale leur indiquant d’éviter de se comporter comme des femmes. Quant aux femmes-hommes, elles subissent une réprobation et une approbation sociale leur indiquant que se comporter comme un homme est acceptable, à tout le moins dans les apparences, tout en leur rappelant leur condition féminine, celle de la soumission. Les quolibets, les remarques désobligeantes, les questions intrusives, les regards méprisants, les menaces, l’intimidation, le passage à tabac, l’emprisonnement, les discriminations ainsi que le viol sont des formes de violences que subissent les âmes kamites androgynes en raison de leur singularité très clairement perceptible. Il convient de mentionner que très souvent l’entourage des Gardien-n-e-s des Portes (Personnes Intermédaires) remarque très tôt leur singularité avant les concernés eux-mêmes.

Honte et culpabilité

Ayant conscience de cette perceptibilité les Gardien.n.e.s des Portes (Personnes Intermédiaires), plus particulièrement celles et ceux dont la singularité est perceptible vivent deux sentiments émanant du profond mépris qu’on leur témoigne. Ils-Elles sont imprégné-e-s d’une vision honteuse d’eux/elles-mêmes découlant du fait qu’ils-elles sont catalogué-e-s comme de mauvaises personnes. Cette vision engendre un inconfort quotidiennement alimenté par les convictions religieuses qui entraînent une culpabilité responsable d’une faible estime de soi et d’un sentiment d’insécurité émotionnel.

Négation de l’identité

Les notions de honte et de culpabilité que peuvent ressentir les Gardien.n.e.s des Portes (Personnes Intermédiaires) découlent d’une perception erronée de leur singularité. Cela a pour conséquence d’engendrer une négation de leur identité ainsi que de leur singularité faisant en sorte qu’ils-elles se conforment socialement tout en étant sous le joug d’une aliénation spirituelle. La singularité de certain-e-s Gardien-n-es des Portes (Personnes Intermédiaires) n’est pas visible et perceptible à première vue raison pour laquelle ils-elles ne sont pas confronté-e-s à autant de violences sur cet aspect parce que la société n’est pas en mesure de prendre conscience de leur singularité. Même s’ils échappent à la perceptibilité des communautés, la honte et la culpabilité ainsi que la négation de leur identité font partie intégrante de leur vie puisqu’ils-elles sont les témoins et/ou acteurs de toutes les formes de violences que peuvent subirent les autres.

CONFORMISME SOCIAL

Les Gardien.n.e.s des Portes (Personnes Intermédiaires) vivent dans des sociétés où ils-elles ne sont pas prises en considération, ce qui force un certain nombre d’entre eux-elles à manœuvrer dans l’ombre pour se protéger, être à l’abri des regards indiscrets et éviter l’ostracisme. Ainsi donc, le conformisme sociétal se manifeste de la façon suivante :

Effet miroir

L’un des mécanismes employé par les Gardien.n.e.s des Portes (Personnes Intermédiaires), plus particulièrement celles et ceux dont la singularité n'est pas perceptible à première vue est de manifester ouvertement du mépris par de la violence verbale et/ou physique envers leurs semblables : celles et ceux dont la singularité est très clairement perceptible. La perceptibilité énergétique de ces dernier-e-s peut provoquer des sentiments ambivalents auprès de ces autres Gardien-n-e-s des Portes (Personnes Intermédiaires) qui n'acceptent pas cette part de leur identité.

Mariage de convenance

Le mariage de convenance est très commun au sein de certain-e-s Gardien.n.es des Portes (Personnes Intermédiaires) qui ont une forte tendance à épouser des femmes ou des hommes qui n’ont pas cette spécificité. Le mariage leur permet entre autres de ne pas éveiller les soupçons de l’entourage et leur donne une assurance, pour certain-e-s d’avoir des relations secrètes parallèles amoureuses et/ou sexuelles.

Féminité de façade et Masculinité exacerbée

Il est commun à l’ensemble des Gardiennes des Portes d’afficher une féminité de façade pour cacher leur différence et il en va de même pour les Gardiens des Porte de mettre en évidence une masculinité exacerbée qui ne laisse place à aucun doute. L’objectif final étant d’éviter que leur singularité soit perceptible. Les Gardien-n-e-s des Portes (Personnes Intermédiaires) dont la singularité est perceptible sont beaucoup moins enclins à être dans l’effet miroir, à faire des mariages de convenance ou à présenter une féminité de façade ou une masculinité exacerbée, cela ne veut pas dire pour autant que certain-n-es d’entre-eux-elles ne puissent pas manifester un conformisme social.

Les hommes et les femmes qui épouseront des Gardien-n-e-s des Portes (Personnes Intermédiaires) seront dans l’incapacité de comprendre les véritables raisons de l'instabilité ou de la dissolution de leur couple parce que, certain-e-s d’entre-deux n’expliqueront jamais les causes profondes de cette instabilité ou de cette rupture laissant ainsi leurs partenaires dans le doute et le désarroi.

ALIÉNATION SPIRITUELLE

Les Gardien.n.e.s des Portes sont des personnes qui ont grandi dans sociétés où les religions dites révélées sont érigées comme des vérités incontestables. Ainsi donc, l’aliénation spirituelle se manifeste de la façon suivante :

Paradoxe

Que se passe-t-il lorsqu’on que nous avons une majorité de Gardiens des Portes qui sont des guides spirituels au sein des religions dites révélées ? L’un des paradoxes apparents que nous pouvons constater, c’est qu’ils sont les premiers à distiller le poison de la haine par des sermons lourds de conséquences tandis qu’en catimini, ils agissent en contradiction flagrante avec ce qu’ils prêchent. Le scandale des prêtres catholiques – décrié dans le livre d’investigation Somoda – est une preuve palpable et éhontée de cette hypocrisie ambiante. Il ne serait pas surprenant de rencontrer des imams et des rabbins aux prises avec ce même paradoxe.

Incompatibilité

La spiritualité est une composante essentielle dans la vie des Gardien.n.e.s des Portes (Personnes Intermédiaires). La perceptibilité erronée de leur singularité force beaucoup d’entre-eux et elles à se remettre continuellement en question. Cette remise en question peut provoquer deux sentiments opposés puisque l’entourage ne cesse de leur répéter que la nature de ce qu’ils-elles sont est contraire aux commandements divins et que par conséquent, ils-elles ne peuvent prétendre être dans la religion tout en continuant à être des Gardien.n.e des Portes (Personnes Intermédiaires), il en résulterait une incompatibilité flagrante.

Crainte de la damnation éternelle

Cette incompatibilité va entraîner un grand nombre de Gardien.n.e.s de Portes (Personnes Intermédiaires) à chercher pénitence auprès de Dieu par la négation de leur singularité, le recours à des thérapies de conversions et la promotion d’une abstinence ou d’une continence comme étant des solutions viables. Nous pouvons affirmer sans l’ombre d’un doute que l’une des principales aliénations spirituelles présente chez la quasi-totalité des Gardien.n.e.s des Portes (Personnes Intermédiaires) est celle de la hantise de brûler dans les flammes de l’enfer. Cette conviction est fortement ancrée dans la psyché de chacun-e et détermine leur cheminement d’âme.

L’expérience vécue par les Gardien.n.e.s de Portes (Personnes Intermédiaires) qui affirment ne plus se définir sous le vocable LGBTQIAP+ est valide. Bon nombre d’entre-eux-elles essayent de se défaire de cette étiquette en pensant à tort que leur différence se situe au niveau de leur orientation sexuelle et ou de leur identité genre or que cette dernière est reliée à une singularité, à des dons innés/talents naturels et à un statut particulier.

RÉSOLUTIONS

Je propose un ensemble de résolutions qui aideront les Gardien.n.e.s des Portes à faire face à ces contraintes sociales :

Amour

Les Gardien.n.e.s des Portes (Personnes Intermédiaires) doivent d’être aimé et respecté pour ce qu’ils-elles sont. La famille doit être la première source tangible qui procure cet amour, elle doit constituer un rempart inébranlable dans lequel les Gardien.n.e.s des Portes (Personnes Intermédiaires) se sentent en sécurité affective, éducative et financière. Les Gardien-n-e-s des Portes (Personnes Intermédiaires) sont constamment sous une épée de damoclès parce qu’ils-elles redoutent le rejet familial. Nous sommes en droit de nous poser la question de savoir si l’amour des parents est conditionnel à leur état d’être, il semblerait que dans bien des cas la réponse soit oui. Dans ce cas de figure, les Gardien.n.e.s des Portes (Personnes Intermédiaires) peuvent trouver en dehors de la cellule familiale des personnes de confiance qui pourraient à défaut d’assumer le rôle des parents, leur donner de la compassion et du réconfort.

Alignement

Les Gardien.n.e.s des Portes (Personnes Intermédiaires) doivent être parfaitement aligné-e-s dans la perception qu’ils-elles ont d’eux-mêmes. Ils-Elles ne peuvent pas développer de façon récurrente des sentiments contradictoires à propos de la validité de leur existence, il en résulterait des dommages psychiques difficiles à réparer. Ils-Elles doivent constamment cultiver des pensées, des sentiments, des paroles et des actions qui valident et consolident leur existence. À ce titre, ils-elles ne doivent plus prendre en considération les arguments et les théories de tierces personnes qui chercheraient d’une façon ou d’une autre à invalider leur existence. L’alignement permettra de réduire de façon considérable les sentiments de honte, de culpabilité, de négation de l’identité et de crainte de la damnation éternelle.

Équilibre Social

Les Gardien.n.e.s des Portes (Personnes Intermédiaites) doivent éviter de contracter des mariages de convenance basée sur le mensonge, il en résulterait des relations de couple déséquilibrées doublée à une impossibilité pour les concerné-e-s d’être en adéquation avec eux-elles-mêmes. Étant donné que certain-e-s d’entre-eux-elles refusent que leur singularité soit perceptible par la famille, les amis et la société, il serait judicieux pour les Gardiens des Portes d’épouser des Gardiennes des Portes et vice-versa. Cela permettrait aux uns comme aux autres d’être véridique dans leur relation de couple-amical qu’ils-elles entretiendront sans crainte d’une dénonciation ou d’une dissolution du mariage à moins que les personnalités de chacun-e soient incompatibles. Toutefois, cette solution pourrait effacer leur singularité aux yeux de la société puisqu’ils-elles seraient perçus comme un couple homme-femme et non un couple de Gardien et Gardienne des Portes.

Confiance en soi

Les Gardien.n.e.s des Portes doivent développer une estime de soi hors-du-commun sans que celle-ci ne succombe à un égo démesuré. Cette confiance en soi commence par un entourage bienveillant, une éducation riche et variée et par des accomplissements remarquables. Ils-Elles doivent être convaincu-e-s, et ce, sans l’ombre d’un doute que leur singularité est une bénédiction et non une malédiction.

Activation des Dons Innés/Talents Naturels

Les Gardien.n.e.s des Portes, en plus d’être des personnes possédant une singularité, possèdent une panoplie de Dons Innés/Talents Naturels. L’activation de ces Dons Innés/Talents Naturels peut être déclenché par un certain nombre de circonstances, le plus souvent extérieures. Ils-Elles doivent être en mesure de repérer avec exactitude lequel des Dons Innés/Talents Natuels serait susceptible de leur être profitable dans l’accomplissement de leur mission.

Prise de Conscience

Les Gardien.n.e.s des Portes (Personnes Intermédiaires) doivent prendre consciences des Dons Innés/Talents Naturels qu’ils-elles possèdent, de leur singularité et du statut particulier qu’ils-elles occupent. Pour cela, les aîné-e-s doivent être ceux et celles qui les aident à prendre conscience de leur singularité à un très jeune âge, d’activer leurs dons et de faire en sorte qu’ils-elles puissent utiliser à bon-escient les talents dont-ils-elles ont été gratifié-e-s pour le bénéfice de l’ensemble de la collectivité tout en leur reconnaissant un statut particulier.

Reconnaissance mutuelle

Les Gardien.n.e.s des Portes (Personnes Intermédiaires) se doivent de développer conjointement un esprit de sororité, de fraternité et d’amitié-amoureuse. Ceux et celles qui seront parvenus à intégrer les notions d’amour, d’alignement, d’équilibre social, de confiance en soi, d’activation des Dons Innés/Talents Naturels, de prise de conscience seront en mesure de dissiper et non sans mal les sentiments d’effet-miroir et de paradoxe afin d’appliquer sereinement la reconnaissance mutuelle envers les autres Gardien.n.e.s des Portes (Personnes Intermédiaires) et de les percevoir comme des frères, des sœurs et des amis-amants et non comme une menace à leur existence.

Les Gardien-n-e-s des Portes (Personnes Intermédiaires) devraient se reconnecter à la spiritualité de leurs ancêtres en fonction de la nation dont ils/elles sont issu-e-s afin de pouvoir vivre en harmonie avec eux-mêmes et en cohésion avec la société.

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La Photo de couverture met en vedette Kugaruka

Photographie : Dushime

RÉFÉRENCES

Bert H. HOFF., http://www.menweb.org/somegay.htm, Gays: Guardians of the Gates, An Interview with Malidoma Somé, [En Ligne], Publication / Copyright © 1993 by Bert H. Hoff

Sobonfu, SOMÉ., Vivre l’intimité, la sagesse de l’Afrique au service de nos relations, Jouvence Éditions, 02 Octobre 2001, 148p.

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