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Le Pouvoir de la Mère

Dernière mise à jour : 9 janv.


© Jacque Njeri


Dans cet article, je vais aborder une thématique complexe et récurrente au sein des communautés kamites (noires), il s’agit du Pouvoir de la Mère dans sa polarité négative. Je tiens à préciser que cette problématique est aussi présente dans d’autres communautés, mais moi je m’intéresse spécifiquement aux Peuples-Nations Kamites, aux répercussions de l’esclavage, colonisation sur les nôtres et plus particulièrement sur la relation parent-enfant qui n’est plus celle qu’elle était avant l’invasion coloniale. Je vais me concentrer plus particulièrement sur la Mère. Je vais illustrer mon propos en vous dévoilant comment ma relation conflictuelle avec ma mère a profondément affecté la construction identitaire de ma personne ainsi que ma féminité, comment j’ai réussi à comprendre le mécanisme qui a enclenché ce déséquilibre et la façon dont je suis parvenu-e à faire preuve de résilience. Cet article est complémentaire à l’article intitulé La Symbolique du Père, des Géniteurs ou des Génies.


MISE EN CONTEXTE

Il était important pour moi d'aborder ce sujet sous l'angle du ressenti d'un enfant vis-à-vis de sa mère et d'inclure deux femmes kamites dans la rédaction de cet article. Il s'agit entre autres de Idil O. Kalif, éminente sociologue, chargée de projet et accompagnatrice hors milieu scolaire que j'ai rencontré à la Saison VII (2017) à Mémoires d'Encrier lors du passage de Felwin Sarr à Tiohtià:ke (Montréal) et de Jennifer Sidney, brillante autrice-poétesse que j'ai rencontrée à l'occasion de la présentation de sa première pièce de théâtre à la Saison VIII (2018). J'ai voulu qu'elles participent à la rédaction de cet article en raison de la relation qu'elles entretiennent avec leur mère, leurs histoires faisant ainsi écho à la mienne.



KUGARUKA

Kugaruka, 01 Novembre 2019 ©OdileSilva


Vie Intra-Utérine

Lorsque ma mère m’a confié la problématique liée à l’absence physique et affective de mon père, elle m’a également mentionné que lorsqu’elle lui a annoncé qu’elle était enceinte, il lui aurait selon, ma mère, laisser le choix de me garder ou de m’avorter (selon mon père, j'étais tout autant désiré par lui que par ma mère. Il m'a assuré sous peine d'être foudroyé qu'il n'a jamais voulu que mon existence soit compromise). Le fait d'avoir été dans l'incapacité de rester auprès de ma mère pour m'élever a été un des éléments constituant la seconde blessure de ma mère dans sa relation avec mon père, la première étant celle d’avoir été dans l’incapacité d’être en couple avec lui. Cette formulation a participé à mon rejet parce qu’il me percevait comme un fardeau dont il ne voulait pas s’occuper. Ce rejet de ma personne a été ressenti par elle comme une trahison. La traîtrise étant associée à de sombres émotions que sont la tristesse, la déception, le sentiment d’abandon, la colère et le désespoir. Toutes ces émotions se sont manifestées chez ma mère durant sa grossesse à un moment où elle était la plus vulnérable. Une femme enceinte a besoin de support physique, psychique, matériel et spirituel. La mère doit être entourée par de bonnes vibrations et ne doit subir aucune contrariété. Dans mon cas de figure, certains critères fondamentaux n’ont pas été pris en considération. Ayant intégré cette trahison et sachant que l’enfant ressent toutes les émotions de sa mère et expérimente tout ce qu’elle expérimente, ma conscience, mon inconscient et mon subconscient ont intégré ces instants douloureux.


Femmes

J'ai grandi à Yahmessou [Côte d'Ivoire], l'un des pré-carrés par excellence du néo-colonialisme français, avec deux femmes ma mère et ma sœur toutes les deux originaires du Uburundi (Burundi). Ma mère savait pertinemment qu'elle était dans un contexte de survie parce qu'elle devait élever deux enfants, sans les pères de ses enfants, qu’elle avait à sa charge et sans sa famille pour l'épauler. Elle savait aussi que nous étions sa plus grande richesse et c'est en nous qu'elle a décidé de miser. Ayant conscience que l'éducation est l'une des clés fondamentales permettant de réussir sa vie, ma mère a investi en nous en s'assurant que nous fassions des écoles privées afin d'être très bien encadrés et recevoir un enseignement de haute qualité. Nous n'étions pas riches, loin de là, cela ne l'empêchait pas de croire que ses enfants étaient, et sont toujours, sa plus belle réussite et que toutes les souffrances qu'elle a enduré, elle parviendrait à les surmonter avec nous parce qu'elle se reconnaîtrait dans nos réussites respectives. Elle était convaincue que si nous fréquentions les écoles publiques, la qualité de l'enseignement que nous aurions reçu serait de qualité passable voire médiocre notamment en raison des grèves qui sont légions dans le système scolaire Yahmessou et qui sont exacerbées lorsque les périodes électorales approchent. Ma sœur a fait les bancs scolaires de Notre-Dame, une école réservée aux filles à l’époque, et réputée pour sa rigueur et son excellence au même titre que Saint-Paul, l’école que j’ai fréquenté, une école primaire réservée aux garçons avant qu’elle ne devienne mixte. Les deux établissements sont situés dans le quartier des affaires de la ville d'Abidjan, le Plateau. Ma mère savait que ses opportunités de réussite à Yahmessou étaient infimes parce qu'elle était une étrangère dans un pays qui n'était pas le sien, une femme célibataire avec deux enfants et qui ne travaillait pas sur une base régulière. Intelligente, vigilante, consciencieuse et déterminée, ma mère préparait de façon minutieuse dans le plus grand des secrets notre départ pour le Canada lui permettant ainsi d'assurer une meilleure vie autant pour elle que ses enfants. Je suis profondément reconnaissant-e envers elle pour avoir tenu à miser sur notre éducation pour que nous soyons des personnes instruites afin d'exceller dans nos entreprises respectives. Je la remercie aussi de nous avoir permis de changer de zone géographique afin d'avoir de nouveaux horizons afin d’éviter que nos vies s’étiolent à Yahmessou et ne soient saturées. Ma mère, ma grande protectrice a été guidée par sa force de caractère dont j'ai hérité, sa volonté inébranlable de voir rayonner ses enfants et par sa conviction que Imana (Être Suprême en Kirundi/Kinyarwanda) et nos ancêtres étaient avec nous dans sa quête du bonheur.


Mère-Enfant (Fils & Fille)

Mes premiers conflits avec ma mère ont commencé dès l'enfance. Elle me racontait par moment que j'étais un enfant difficile (allez savoir pourquoi) et que j'étais réfractaire à ce qu'elle voulait me transmettre. Étant donné qu'elle n'était pas prédisposée à l'écoute active, elle n'était pas en mesure de comprendre l'enfant récalcitrant que j'étais, un enfant qui voulait suivre sa propre voie sans égard à la voie qu'elle voulait que je suive selon sa vision de la réussite. Elle voyait le petit garçon par qui elle devait subir les humiliations téléphoniques répétées de mon père qui lui en voulait de m'avoir garder. Consciemment et inconsciemment, elle me faisait resssentir toute cette amertume sur l'enfant que j'étais d'autant plus qu'elle me disait assez souvent d’ailleurs que je ressemblais à mon père, l'homme qui la faisait souffrir. Notre relation mère-enfant a pris un tournant considérable lorsqu'elle a découvert que je suis une Personne Intermédiaire (Cliquez sur le lien). Imaginez-vous ce qu'elle pouvait ressentir vis-à-vis d'elle même d'avoir un enfant qu'elle aimait tant, qu'elle voulait absolument garder malgré la réticence du père et de savoir qu'il n'est pas comme les autres garçons. Elle devait sans doute se dire qu'elle serait la risée du quartier pour avoir eu un enfant comme moi et que mon père aurait eu raison d'elle en lui rappelant le fait d'avoir eu un enfant hors-norme. Elle faisait son possible pour effacer cette féminité qu'elle avait en horreur quand bien même elle m'aimait de tout son cœur, cela ne l'a pas empêché de me lancer des phrases assassines dont j'en garde encore le souvenir. Elle ne se rendait pas compte qu'en voulant briser ce Féminin Sacré et me rendre masculin à sa façon, elle cassait par la même occasion mes rêves de grandeur et toute volonté émancipatrice qui serait contraire à l'image qu'elle se faisait de moi dans le futur. Notre relation s'est considérablement détériorée au fur à mesure que je prenais de l'âge et que je devenais conscient-e de mon essence kamite, de la spritualité de mes ancêtres, de la falsification de notre histoire par les Visages Pâles, des traumatises reliés à l'esclavage/au colonialisme, des lourdes séquelles imprégnées dans l'ADN des Peuples-Nations Kamites, du rôle capital des Femmes et des Personnes Intermédiaires dans nos sociétés. Comment pouvait-elle se reconnaître en moi ? Sachant qu'elle est une fervente chrétienne-catholique avec une profonde vénération pour la Vierge Marie le tout combiné à un endoctrinement colonial principalement belge. Je sais que son amour pour moi est puissant, que cet amour vibre au son de notre langue le Kirundi et que l'intention avec laquelle elle prie est de faire en sorte que je sois dans la Lumière du Cosmos du Divin m’accordant ainsi le droit d’être autant son fils que sa fille et d’officier désormais comme l’Enfant de Résurgence (Cliquez sur le lien)



IDIL O. KALIF

Idil O. Kalif, 05 Décembre 2020 ©NoireMouliom


À tort et à travers, les femmes noires sont souvent tenues responsables de l'effritement des liens familiaux au sein des communautés noires/africaines, diasporiques ou pas. Il est aussi pertinent de souligner que parce que la majorité des parents monoparentaux sont des femmes, les iniquités que vivent des mères noires/africaines sont profondément exacerbées dès lors qu'elles empruntent le chemin de la migration et/ou de l'immigration. Les mots que j'enchainerai dans ce texte écrit pour appuyer le précieux travail de Kugaruka cristallisent le fruit de mon expérience de fille de parents immigrant.e.s, africain.e.s et divorcé.e.s. Plus précisément, je mettrais l'accent sur mon vécu d'enfant/fille ayant évolué aux côtés d'une mère africaine monoparentale qui, tant bien que mal, s'est battue afin de se frayer un chemin au sein d’un monde avec peu de considération pour ses réalités de femmes noires monoparentales, en contexte diasporique.


Cartes sur table | Causes versus Conséquences


Premièrement, mettons les cartes sur table: je suis la fille d'un homme africain qui a déserté ses enfants dans le froid canadien. Ma mère qui a décidé de venir rejoindre son mari (mon père) au Canada, a quitté Djibouti avec ses deux jeunes enfants afin que la famille évolue sous un même toit. Malheureusement, mon père tenait à se partager malhonnêtement avec tout plein de femmes, faisant de lui un homme profondément infidèle. Heureusement pour elle, ma mère est une personne qui se respecte. Elle a donc demandé le divorce très peu de temps après notre arrivée au Canada, à Montréal plus spécifiquement. Chose faisant qu'en tant que femme africaine et immigrante nouvellement arrivée au Québec, elle prend rapidement sur ses épaules des responsabilités parentales qui dépassaient l'entendement : trois enfants à charge dans un pays qu'elle apprivoisait tout juste, où elle connaissait presque personne. La demande de divorce a été comprise comme un affront et une insulte capitale par mon paternel. Pour cette raison, il fait le choix conscient de déserter sa famille, sans regarder derrière lui. Dès lors, ma mère devient automatiquement la seule cheffe de famille de la maison. Cela étant dit, lorsqu'il s'agit de parler des mères noires monoparentales et de certaines réalités dévastatrices pour les communautés, gardons en tête que ces mères sont rarement la cause des maux familiaux. Ces mères monoparentales vivent souvent les conséquences du patriarcat, soit des choix et des agissements venant d’hommes au détriment des femmes (et des enfants). Dans le cas précis de ma mère, mon père a été son oppresseur, dans l'intime.


Amour, maternité et contrôle


Comment cette aventure d'immigration a-t-elle affecté ma relation avec ma mère ? Je dois dire qu'avant même son expérience de monoparentalité et d'immigration, ma mère était une femme avec qui il n'était nullement possible de négocier le manque de respect. En tant que femme noire et africaine, elle a été pour moi le premier modèle en matière de cohérence et de respect de soi. Toutefois, les choses se sont corsées au sein de nos rapports “mère/fille” lorsque j'ai à mon tour exigé que le respect me soit servi en tant qu’enfant. Souvent, lorsque des mères n'ont pas l'espace pour se réfléchir elles-mêmes afin de guérir de leurs propres traumatismes, elles tendent à vouloir projeter sur leurs filles des idéaux toxiques qui n'ont rien à voir avec les volontés de leur.s progéniture.s. Une fois la puberté installée, la relation tendue que j'ai fini par avoir avec ma mère relevait surtout du fait qu'elle tenait à contrôler mes pensées, mes gestes, mes décisions et même mes amours. En effet, c'était comme si les échecs qui la hantaient devaient être tempérés par l'entremise de ma vie. Bien sûr, les valeurs liées à l'indépendance et l'autonomie qu'elle m'avait elle-même transmises dès l'enfance n'ont pas permis un tel contrôle sur ma personne. Conséquence : la belle complicité que j'avais avec ma douce mère en tant qu'enfant devient rapidement un chantier de conflits perpétuel dès l'adolescence.



Traitement différentiel/préférentiel et vol de l'enfance


Maintenant dans la trentaine, j'ai beaucoup de recul au sujet de mes rapports avec ma mère. La thérapie sur le long terme et mes différentes pratiques spirituelles m'ont permise de me détacher de problèmes qui ne me revenaient aucunement de régler. Aujourd'hui, je peux même dire que j'ai énormément de compassion pour ma mère et son histoire. Cette histoire, sans être complètement la mienne, fait partie de moi. Car disons le, lorsqu'une mère monoparentale goûte à la détresse et l'instabilité mentale, le développement de ses enfants est quasi automatiquement compromis. Mes frères ont aussi été affectés par le divorce de mes parents. Mais, reste que je suis persuadée que la pression a été plus grande sur moi : sa seule fille. Dans sa compréhension, en tant que fille/femme africaine à qui elle a donné naissance, je me devais de la soutenir et être présente pour mes frères, en tout temps. Frustrée par ce vol de l'enfance, je me suis rebellée contre notre culture familiale qui m'intoxiquait quotidiennement. Un jour, afin de dompter ma colère, elle m'a dit: "Idil, si tu finis dans le besoin, les chances qu'un homme t'aide sont quasi nulles. Cependant, si tes frères finissent dans le besoin, plusieurs femmes seront là pour les aider." Cet argument massue cherchait à me faire accepter le fait qu'elle était plus dure avec moi qu'avec mes deux frères. Jeune, j'ai vite compris que mes frères ne faisaient aucunement face aux mêmes attentes en tant que fils/enfant. Soit, qu'ils étaient en droit d'avoir accès à davantage de soutien et de considération. Bien sûr, ce traitement différentiel, préférentiel et déséquilibré "fille/garçon" au sein du noyau familial faisait aussi partie des incohérences qui enflammaient nos rapports mère/fille, tous les jours.



Maternité | amour et dissonance


Reste que ma mère a toujours été perçue par son entourage et sa famille comme une femme hors norme. Elle a défié toutes les règles alors qu'elle habitait à Djibouti et finissait toujours là où personne ne l'attendait : une femme de feu. Dans le silence, plusieurs l'admiraient profondément pour sa force de caractère et sa façon désinvolte de tracer sa route. J'ai encore en mémoire l'image de ma mère qui étudiait le soir afin de terminer ses travaux universitaires et ce alors que nous allions à l'école primaire à Montréal. Au Canada, avec un réseau très restreint et peu de moyens financiers, ma mère a terminé l'université et s'est réinventée en tant que professionnelle. Elle arrive à accomplir tout cela avec trois enfants à charge et un ex-mari qui brillait de par son absence. En tant que femme, je lui dois mon amour pour le travail et mon audace professionnelle, assurément. Très jeune, elle m'a définitivement montré le chemin vers l'agentivité affirmée. Toutefois, année après année, encore et toujours, ses attentes étaient déraisonnables vis-à-vis de ma personne. Mes décisions personnelles embrassaient rarement ce qu'elle voulait pour mon avenir. J'avais étudié à la Sorbonne, payé mes propres études universitaires, occupé des postes importants sur le plan professionnel et étais jadis amoureuse d'un homme qui me comblait. Rien à faire; ni mes diplômes, ni ma carrière, ni ma capacité à générer de l'argent de manière autonome ou ni mon partenaire respectueux et aimant n'étaient à la hauteur de ses attentes. La femme, ma mère, était devenue une personne incapable de douceur et de tendresse auprès des êtres qu'elle aimait le plus au monde: ses enfants. Comment expliquer une telle évolution relationnelle entre une mère et sa fille ? Les traumatismes non traités d'adultes meurtris par la déception, tout simplement.


Devenir adulte, malgré tout


J'aime ma mère. Ce sentiment ne me quittera probablement jamais. En partie, je comprends aussi que les tensions qui évoluaient au sein de notre relation relevaient d'une incapacité à dissocier la douleur d'une femme face à sa fille qui, tout de même, aimait son père. Sans être mon papa, la relation d'adulte que j'avais avec ce dernier dérangeait ma mère et j'en ai longtemps payé le cher prix. Je conclurais en affirmant que les mères qui n'ont pas guéri de leurs blessures conjugales oublient souvent que cette énergie dysfonctionnelle voyage jusqu'à leurs enfants. Pour cette raison, l'amour qu'un enfant peut avoir pour une personne qui lui a été présentée comme un parent est normal. Ce même amour peut parfois être perçu comme une trahison pour le parent qui n'a toujours pas guéri de ses plaies. Surtout suite à un divorce, devant des enfants qui n'ont pas choisi leurs circonstances, la parentalité est un exercice d'introspection continuelle qui oblige l'humilité et la bienveillance. Maintenant en âge de devenir mère à mon tour si je le voulais, je comprends la grande importance de prendre le temps de canaliser ses propres émotions.



JENNIFER SIDNEY

Jennifer Sidney, Mars 2020 ©SalimJacaman


Des imbroglios communs

Tout au long de cette route sensationnelle, pleine de décisions complexes à prendre mais absolument lumineuse appelée Vie, je suis venue à la poignante conclusion, et ce, à mon grand désarroi que les difficultés, qui se trouvent à l’intérieur de la relation amour-rébellion que j’entretiens avec ma mère sont des hostilités qui existent au sein des rapports mère-fille de multiples femmes qui m’entourent. C’est la raison pour laquelle j’écris ce manifeste au nom d’une collectivité, question de guérir les blessures, relatives à nos potomitan, ensemble. Toutes pour une et une pour toutes !


Petit garçon deviendra Grand

L’une des plus grandes contrariétés qu’il y a dans nos communautés africaines et caribéennes est le manque de responsabilités que l’on attribue aux garçons dans certains foyers où règne les mentalités d’antan qui veulent que les filles aient leurs places dans la cuisine et les garçons, dans tout ce qui se trouve à l’extérieur de la maison. Les garçons ont le droit de jouer, et les filles doivent apprendre à devenir femme dès le plus jeune âge en donnant le bain à leurs poupées et servant le thé avec des services de vaisselle en porcelaine pour fillettes, conçus spécialement à cette fin. L’absence totale de garçons dans les tâches ménagères crée des hommes paresseux, machistes, misogynes et fainéants, qui croient que tout leur est acquis et ces éternels enfants gâtés dépendent des femmes pour fonctionner; pour vivre. Ces mêmes femmes, qui acceptent leurs comportements récusables, sont appelées à devenir mères et elles s’autoproclameront un jour comme étant « autant maman que papa » car en premier lieu, elles ont choisi des hommes inutiles comme géniteurs et ce ne sont pas à elles de refaire l’éducation de ces hommes aux réflexes végétatifs avec qui elles partagent leurs vies et qui empoisonnent leurs quotidiens. C’est un processus qui commence dès l’enfance. À cet effet, lorsque les chromosomes du père de mon enfant et les miens eurent fusionné pour former le merveilleux garçon dont la Nature nous a chargés de prendre soin, j’ai saisi l’opportunité de cette bénédiction afin de briser d’énormes malédictions générationnelles. Mon fils a présentement cinq ans et déjà à cet âge, il a des tâches, il ramasse ses jouets, fait son lit, place les couverts sur la table, dépose son assiette dans l’évier lorsqu’il termine de manger, épluche les gousses d’ail lorsque je lui demande, prépare des gâteaux, soulève des sacs de courses, joue dans mes cheveux. Je l’implique de la sorte car un jour, je serais appelée à ne plus être là physiquement et il devra faire preuve de débrouillardise. Il devra subvenir à ses besoins par lui-même, créer un environnement sain dans son espace vital donc je lui fournis ces outils afin qu’il s’épanouisse avec vaillance.


Femme « maman/papa »

Je n’irais pas par quatre chemins : trop souvent, la femme qui choisit de performer autant le rôle du père que celui de la mère a cette façon de laisser l’égo diriger affreusement ses émotions. Les raisons peuvent sembler concevables pour empêcher un homme d’exercer ses fonctions vis à vis son enfant : l’amertume liée à une déception sentimentale ou bien des humiliations franchement déshumanisantes subies pendant la grossesse peuvent s’avérer être des justifications de taille pour éclipser un homme hors de sa vue. Le bémol dans cette action ma foi trop élémentaire, est que dans ce contexte bien précis, nous faisons face à un triangle équilatéral détenant trois différentes relations à chacune des extrémités: la relation femme-homme, la relation mère-enfant, et la relation père-enfant. Saboter toute une relation pour cause d’ébranlements émotifs que nous n’arrivons pas à contrôler peut s’avérer être destructeur dans la vie d’un être. Décider si un homme « mérite » ou pas d’être dans la vie de l’enfant qu’on porte, conjurer son accompagnement dans le développement psychique, émotif, intellectuel, physique et social de cet enfant, concevoir cette présence telle une récompense gagnée dépendamment de l’humeur de l’égo, est une erreur aberrante découlant d’une perversion narcissique. Les femmes de nos communautés doivent accepter qu’être père est un devoir, une mission sacrée relevant du divin, un mandat céleste où l’homme détient une place exceptionnelle afin de s’impliquer dans la vie de son enfant. Ma mère a quitté mon père alors qu’elle était enceinte de moi pour ce qui s’apparente à des causes sentimentales. Je l’ai vu trois fois avant d’atteindre l’âge de la majorité et j’ai repris contact avec lui à mes 21 ans. Nous vivions pourtant tous les deux sur la même petite île qu’est Montréal, il a intenté des démarches afin d’avoir accès à moi sa fille, mais ma mère, une femme maman/papa s’est assurée que nos chemins ne se croisent pas et je ne lui en veux pas le moins du monde. Elle a agi avec les ressources limitées qu’elle avait à l’époque, les mentalités restreintes qui l’encadraient donc je ne peux qu’avoir de l’empathie pour sa démarche et lui lever mon chapeau pour avoir fait de son mieux. C’est à mon père que j’en ai voulu. De ne pas s’être battu pour moi, pour notre côté du triangle, d’avoir abandonné l’affaire. D’avoir attendu que je devienne adulte pour redorer son blason… À mon tour, je suis devenu enceinte et le père de mon fils m’a offensée, comme il n’est pas possible d’imaginer blesser une femme qui porte la vie en elle... Il avait ses motifs, je ne lui en veux plus. Je suis restée sereine et glorieuse car depuis toute petite, à l’époque où je servais le thé à mes peluches avec mes services de vaisselle en porcelaine, je me suis fait une promesse : celle de ne pas sacrifier une relation entre le père de mon enfant et celui-ci. En date d’aujourd’hui, je n’ai pas conservé la relation femme-homme avec lui, mais mon fils a une relation avec son père qui lui appartient, qui ne me concerne pas, et ce, malgré les ignominies qui m’étaient perpétuellement lancées en pleine figure pendant les trois saisons de ma fabuleuse gestation.


Tsunami

Une mère qui respire le bonheur est comme la mer des Caraïbes au printemps : elle est fraîche, douce, salée et elle nous étreint avec des vagues réconfortantes et veloutées. La colère d’une mère devrait être louable, semblable aux courants houleux de la mer où les vagues s’atténuent en offrant une véhémente caresse en guise d’avertissements.

Et non pas désastreuse tels les ravages causés par un tsunami, mot japonais désignant un enchaînement sismique pouvant mener à un raz-de-marée. Il y a un grand danger dans nos communautés et il réside dans le tsunami du cœur, dans cette manière lamentable qu’ont certaines mères de se permettre, parce qu’elles ont mis un être au monde, de le détruire, c’est-à-dire en utilisant des mots ou des gestes qui reflètent leurs souffrances ainsi que leurs programmations aliénantes afin de les déverser hargneusement sur leur enfant, pour qui elles considèrent avoir asphyxié leurs fontaines de jouvence. Ce qui est encore plus ahurissant, c’est qu’à la suite de la catastrophe qu’elles ont provoqué, elles parviennent à continuer leurs vies comme si rien n’était, en ne faisant aucune introspection, en ne prenant nullement compte des lourds bouleversements existentiels occasionnés par leurs agissements/propos indignes… En revanche, ce qui est phénoménal dans le fait de venir de la génération Y, c’est cette grâce que nous avons de comprendre qu’il nous faut impérativement développer les traits de caractère qui auraient secourus nos mères. C’est cette capacité de se répéter, tel un mantra, que cette toxicité ne nous appartient pas et par-dessus tout, nous n’en sommes pas la cause. Ce sont les conséquences de leurs propres décisions qu’elles doivent affronter et nous, femmes milléniales, sommes leurs miroirs. Nous avons grandi dans le prolongement des séquelles post-esclavagistes. Nous avons été battues durement, fouettées, frappées, mises à genoux, insultées et avons fait face au quotidien avec gratitude et reconnaissance. L’école de la vie ne nous a pas fait de cadeaux.


Tout au long de nos cheminements et des relations que nous cultivons avec nos mères, nous ramassons morceau par morceau, les ruines de nos temples internes. Nous apaisons la désolation marquée par le tsunami et nous fabriquons au moyen de l’esprit kintsugi, une méthode japonaise de réparation à l’aide de poudre d'or, des pyramides majestueuses soudées dans nos vertus de paix, de lumière, de sagesse, d’harmonie, d’amour, de foi et de pardon.


LE POUVOIR DE L’ENFANT

Chacune des histoires que vous avez lues est en résonance avec une partie des Êtres Mélaninés que nous sommes, en l'occurrence les Femmes . Je vous propose donc des résolutions basées sur le Pouvoir de l’Enfant, fortement inspirées des mes expériences personnelles et qui je l’espère feront en sorte que vos âmes soient grandement édifiées.


1 - Le Pouvoir de l’Enfant Miroir : l’enfant miroir qui est en nous sait consciemment ou inconsciemment que nos mères se voient à travers nous. Nous devons avoir la capacité de déceler avec précision ce qui révèle de nous et ce qui correspond à sa personnalité et son caractère afin de se différencier d’elle et non être son miroir en étant le prolongement de sa personne. L’enfant miroir doit avoir la capacité de voir son propre reflet et pas le reflet de ce que sa mère voudrait qu’il/elle soit selon l’image qu’elle se fait d’elle-même et de l'image de l’enfant qu’elle a porté.


2 - Le Pouvoir de l’Enfant-Parent : l’enfant-parent qui est en nous n’a pas encore pris conscience qu’il est un parent en devenir et que sa relation avec sa mère sera déterminante sur la relation qu’il aura avec ses enfants en tant que mère s’il s’agit d’une femme ou avec la mère de ses enfants s’il s’agit d’un homme. Ceci est aussi équivalent pour les Personnes Intermédiaires. L’enfant-parent sait pertinemment quel préjudice il a subi et fera en sorte de ne pas le reproduire sur ses propres enfants, ce qui dans l’absolu est presque impossible parce qu’il restera toujours des résidus et/ou d’autres erreurs qui peuvent être commises en voulant éviter de répéter les mêmes erreurs. L’objectif premier est d’en commettre le moins possible et de préparer avec justesse l’enfant qui deviendra parent.


3 - Le Pouvoir de l’Enfant Ingénieux : l’enfant ingénieux qui est en nous est conscient-e des Dons Innés–Talents Naturels dont il/elle a été gratifié-e par l’Univers et commence à rassembler les éléments qui pourraient jouer en sa faveur. Il/Elle est doué-e dans son domaine de prédilection et ne recherche plus la validation de sa mère dont il/elle a réussi à se défaire lui permettant ainsi de mettre à profit son ingéniosité et de briller dans l’Infinité du Cosmos.


4 - Le Pouvoir de l’Enfant Cosmique : l’enfant cosmique qui est en nous a conscience de son essence spirituelle et de son incarnation en tant qu’Être Mélaniné. Il sait que sa mère lui porte un grand Amour, il sait aussi que cette dernière à maintes reprises n’a pas su manifester adéquatement cet amour lorsque l’enfant se montrait sous un nouveau jour. L’enfant cosmique sait qu’il s’est réincarné-e avec une mission d’âme précise, le voile de l’oublie ne lui permettant pas de se souvenir le pourquoi il/elle a choisi cette femme pour être sa génitrice.


5 - Le Pouvoir de l’Enfant Perspicace : l’enfant perspicace réalise que les tourments que sa mère lui a infligé ne sont que le corollaire des séquelles de l’esclavage et de la colonisation qui se sont répercutées de génération en génération. Il parvient à déceler les mécanismes d’aliénation aussi complexes que diverses qui continuent de nous affliger. L’une de ses armes de prédilection est la connaissance que nos ancêtres ont retranscrit par écrit et dans notre mémoire génétique.


6 - Le Pouvoir de l’Enfant Guérisseur : l’enfant guérisseur est celui/celle qui utilise cette connaissance afin d’opérer une transfiguration majeure au niveau de son mental, de son cœur et du cosmos intérieur qui l’habite. L’enfant guérisseur a conscience que son extraordinaire capacité de résilience, qui est le propre des Peuples-Nations Kamites, lui permettra de se consacrer à guérir les âmes par l’usage des Dons Innés–Talents Naturels qui lui ont été octroyés.


7 - Le Pouvoir de l’Enfant de la Résurgence : l’enfant de la résurgence est un-e expert-e dans son créneau. Il/Elle est celui/celle qui sera le garant de l’héritage de ses ancêtres dont celui de sa mère. Son âme sera restaurée par l’accomplissement de sa destinée en fonction du contrat d’âme qu’il/elle aura signée avant de s’incarner. Il/Elle aura suffisamment de ressources pour que sa mère, la toute-puissante Isis, puisse assister à son rayonnement celui d’avoir veiller à ce que la Lumière triomphe sur les Ténèbres.


RÉFÉRENCES

ESPRIT SPIRITUALITÉ MÉTAPHYSIQUE., Virginie Tanguay, La mission d’âme : quelle est la vôtre et comment se la rappeler, [En ligne], Publication 05 Mars 2017, https://www.espritsciencemetaphysiques.com/la-mission-dame-rappeler.html?fbclid=IwAR1WApsmxuiGw3n_zPJ2Pks_Dxx5h1QNor33-5Kfu4z_wytYQyksaAktFA4.


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