La Vie à Double Tranchant des Âmes Kamites Androgynes [TROISIÈME PARTIE]

Trois hommes kamites présentant trois nuances de peau, avec des corps parfaitement sculptés, leur tête à proximité les unes des autres, tout en affichant une expression de sérénité et une paisible candeur.

« Nous devons nous impliquer d'une façon ou d'une autre auprès des peuples-nations kamites (noir-e-s), et ce, malgré le mépris dont nous pouvons être la cible. Si nous nous sommes incarné-e-s en tant que Personnes Intermédiaires dans ce peuple, cela ne résulte pas d'un hasard.»

Kugaruka Nsoromma Ashê Sankofa

AVANT-PROPOS

L’emploi du vocabulaire «Gardien-n-e-s des Portes» (Personnes Intermédiaires) terme employé par Sobonfu Somé et Malidoma Somé est utilisé pour désigner l’ensemble des personnes possédant des spécificités les rendant différent-e-s du restant de la société selon un paradigme kamite (noir). Toutefois, ayant conscience que la langue française est une langue étrangère, il convient de mentionner que le terme Gardien-n-e-s des Portes (Personnes Intermédiaires) sont les termes les plus adéquats pour nommer la particularité de ces personnes qui ont été, et qui sont encore considérées à tort comme «LGBTQIA+». L’acronyme «LGBTQIA+» s’accompagne de définitions et de concepts s’inscrivant dans un contexte occidental ne correspondant pas aux réalités kamites et ne pouvant en aucun cas s’appliquer aux Gardien-n-e-s des Portes. Cette notion de «Gardien-n-e-s des Portes» (Personnes Intermédiaires) correspond davantage à la terminologie Two-Spirits employée par les Premières Nations ainsi qu’à des terminologies similaires utilisées par d’autres peuples-nations à travers le monde et dans leurs langues respectives.

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MISE EN CONTEXTE

En créant kugaruka.org je savais que mes écrits seraient principalement guidés par Imana [Cosmos Divin] afin de mettre en lumière les aspects cachés, complexes et sensibles de notre univers. Je savais aussi qu'il était indispensable que je me consacre à laisser un héritage conséquent pour les Peuples-Nations Kamites (Noir-e-s) que nous sommes et plus particulièrement un patrimoine pour les Personnes Intermédiaires afin qu'ils/elles puissent se reconnaître dans ma Plume d'Or et qu'ils sachent qu'elles font partie de la création, que leur existence est valide et à sa raison d'être. J'évoque la symbolique des Personnes Intermédiaires dans un Spécial Hors-Série (Cliquez sur le lien) comprenant 2 articles exclusifs et inédits qui vous permettront de comprendre le niveau de complexité lié à cette incarnation. Dans l'article suivant, vous découvrirez les récits/témoignages de Personnes Intermédiaires dans leur Singularité, les difficultés auxquelles ils/elles sont confronté-e-s, la force mentale qui les habite et leur extraordinaire capacité de résilience au sein des communautés kamites. Il s'agit d'une série de 4 d'articles: La Vie à Double Tranchant des Personnes Intermédiaires [Premiers Récits, Seconds Témoignages, Troisième Partie & Quatrième Volet]. (Cliquez sur chacun des liens).

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Y.M.E

Pour la petite histoire, il faut savoir que je ne mettais jamais intéressé à cet aspect ou plutôt à ce type de relation entre des personnes du même sexe. J’étais plutôt focus sur les relations standard (homme et femme) jusqu’à ce qu’un jour après une petite déception avec une meuf... lors de mes échanges avec un pote il me dit : bah faudrait bien essayer aussi l’autre côté voir et tu verras que c’est moins compliqué. Étant très fan des meufs assez jolies, féminines et très sensuelles je me voyais très mal avec un mec comme moi. Beaucoup de temps plus tard je me suis lié d’amitié avec un mec beau mais qui dans sa beauté avait une légère féminité. Et de fil en aiguille cela a découlé sur quelque chose qui n’était pas mal en somme. Alors je tiens à signaler que cette première relation (homme et homme) n’est jamais allée jusqu’à la pénétration. Mon problème avec cette histoire était que j’étais pas très investi dans cette relation... Après il y’a eu une pause (pas d’histoire g* pendant un moment pour des raisons personnelles parce que je me posais des questions sur le sujet et sur cette nouvelle attirance). Cette première personne plutôt cette première histoire a été un déclic, quoique je dirais ce premier mec à vraiment été quelqu’un de bien, ce qui a certainement permis de mieux vivre ou d'apprécier cette expérience. C’est à ce moment là que je me suis dis qu’en fait pourquoi être dans un moule et se fixer des limites ? Je me définissais comme étant b* (donc à la fois attiré par les femmes et les hommes) mais je pense que si je n’ai pas rejeté l’idée de tester cette expérience c’est certainement parce qu’au fond de moi j’avais certainement cette attirance.

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C’est ma vie, c’est mon choix. Et tout comme cela est un aspect personnel de ma vie, je ne vois pas en quoi je devrais moi-même me mettre des restrictions. Je pourrais parler de restrictions dans le sens où je ne juge pas nécessaire de dire à tout le monde que je suis b* parce que pour ma part le Coming-Out c’est pas important. Certains dirons que je vis caché et que cela n’est pas normal mais j’ai cette logique : un hétéro fait-il une réunion de famille pour annoncer qu’il est hétéro ? NON. Je sais que beaucoup diront que c’est pas pareil (et là encore parce que c’est société qui l’a décidé) mais pour moi en ce qui me concerne, ce qui se passe en dessous de la ceinture de x ou y ne concerne que lui personnellement et la personne avec qui il ou elle le fait. Bien évidemment, étant issu d’une famille religieuse, ce genre de chose est très mal perçu, voir même condamné simplement parce que les valeurs innées et inculquées par nos prédécesseurs ne nous incluent pas. J'ai une anecdote à vous raconter. Pendant une émission télé (télé réalité) sur E! on présentait deux g*... la réaction de ma mère (j’en ris encore) c’est une abomination, les blancs sont trop pervers et aujourd’hui les noirs aussi suivent cela. C’est triste ! Si seulement elle savait je me disais intérieurement (Wouuuu-Kugaruka) Les personnes ne se pas sont levées comme ça du jour au lendemain pour devenir h* etc. Mais bon... Parfois le social et le familial se rejoignent parce que même quand la famille essaie de te comprendre, ils te diront fait attention vis caché etc car ils ne voudront pas être indexés par la société et le voisinage comme étant des parents qui ont foiré dans l’éducation de leur enfant simplement pour une chose qui au finale ne correspond pas simplement à leur vision de la vie. Là encore la vision de la vie qui la crée ? La société et la religion. Et pourtant c’est cette même religion qui prône l’amour du prochain. Je ne finirai jamais de me découvrir moi et de me surprendre de par mes aptitudes et mes talents. J’ai cette particularité de par les retours de certaines personnes que je fréquente d’être source de joie et de gaieté partout où je suis présent. J’ai aussi ce sixième sens qui me laisse tout suite savoir si je dois me méfier d’une personne ou lui faire confiance. J’arrive aussi facilement à m’adapter à toute sorte de situation un peu comme un caméléon. Pour le vivre bien, il faut l’avoir accepté. Se dire que cela ne fait point de toi une sous-personne. Une fois que ces choses sont assimilées le reste suivra. Me concernant, ces étapes ont été franchies. Certes cela n’est point facile surtout quand tu penses qu’un jour la famille ou la société le saura et que tu devras répondre de cela comme si ces derniers était les représentants du Tout Puissant... mais en claire à un certain moment, on se dit qu'il s’agit de NOTRE vie et de ce que nous voulons construire donc en voulant mettre entre parenthèse ce que tu es pour plaire même à des personnes qui ont elles mêmes des corps dans leurs placards, tu risques de te retrouver à regretter de nombreuses années de ta vie.

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J-B.N

“Tu es un homme, comporte-toi comme tel ”, c‘est cette phrase lourde de sens qui résonnait dans mes oreilles, lorsque j’essayais de m'épanouir, c'est-à-dire rester moi-même, libre de ma gestuelle et de mon style. Une phrase répétée maintes fois par la société dans laquelle je vivais. En pleine adolescence dans la fleur de l'âge, j’ai fait la rencontre d’un ami, qui m’a dirigé vers un groupe d’amis très sympathique ayant le même centre d'intérêt. Malgré nos caractères bien trempés et la rigueur de nos parents respectifs, on n’arrivait à se partager la bonne humeur, des conseils personnalisés afin de vivre notre sexualité dans un pays qui ne nous donnait pas l’opportunité. En ce qui me concerne, je n’ai pas vraiment eu d’attirance pour une femme, aussi belle qu’elle soit, mes tentatives de drague envers une femme, etaient simplement de la couverture ou des essais pour tester ma sensibilité hétérosexuelle. Dans cette bande d’amis, j’étais plutôt extraverti, je brisais les tabous face aux interdits de notre société conservatrice, tout en faisant croire à ma famille que j’étais l’héterosexuel escompté. Ma vie suivait son cours dans la capitale Abidjanaise avec des relations débridés avec des hommes (Rires-Kugaruka), qui restaient toutefois confidentielles, mais je n'hésitais pas à le raconter à ma bande d’amis qui ricanait à gorge déployés en me traitant de “sordide”, (mot sorti de son contexte pour désigner une personne très porté sur le sexe). À vrai dire, lors de mon adolescence, je n'ai pas vécu une relation amoureuse, même mes relations sexuelles avec des femmes étaient à l’improviste. Par contre, avec des hommes, c’était différent, particulier et complexe. Mais mon refuge était le déni, je me disais que je ne pourrai jamais assumer cette trajectoire, trop difficile pour l’enfant de 18 ans que j'étais.

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L’obtention de mon baccalauréat et mon voyage en Algérie fut un marqueur indélébile dans ma vie. Plongé dans une marée d’hétérosexuels, voire d’homophobes, j’avais l’impression d'être enfermé dans un cube, pire que ma vie à Abidjan, jouer le jeu de l’héterosexuel pour ne pas attiser la haine de mes compatriotes sur ma personne. Bref, j’étais dans ce pays pour des raisons universitaires, mais mon instinct de Personne Intermédiaire m'obligeait à me connecter sur des applications pour trouver un repère. J’admets que j’avais le choix de m’assumer mais ce n'était pas le bon moment. Cependant, un événement majeur viendra bouleverser ma vie à jamais. Étant très sociable de nature, et généreux sans me lancer des fleurs, j’avais la côte avec des femmes. Certaines personnes de mon entourage ne comprenaient pas pourquoi j’étais toujours célibataire sachant que j’avais l’opportunité de seduire une belle demoiselle. C’est dans cette optique que je me suis engagé à séduire une fille, réceptive à mes avances pour entamer une relation amoureuse. Un jeu que je regrette amèrement, car au bout de 3 mois de relation, elle finit par découvrir mon imposture, je m’en souviendrai toute ma vie, ses pleures à l’idée que j’ai joué avec ses sentiments, j’étais prêt à assumer mes actes, affronter les critiques de mon entourage sur ma sexualité démasquée. Mais elle en a décidé autrement, elle décide de me pardonner et de tourner la page. Cette expérience m’a servi de leçon. L’année suivante, j’entame mon Master en France, dans une ville située à l’est du pays. Lors de ma phase d’intégration je côtoyais comme à l’accoutumée des hétérosexuels, avec un objectif précis, m'assumer comme je suis. Au fil du temps, j'ai pu m’approprier un style propre à ma personne, moins d’extravagance, plus de décence (Rires-Kugaruka), ce qui n’enlève strictement rien à ma personnalité de Personne intermédiaire, bien au contraire un autre style pour un but commun. Parallèlement à mes études, je nourrissais ma réflexion par la lecture, je rencontrais des mecs pour déclencher l’alchimie ou essayer quelque chose. Jusqu’au jour où j'ai croisé mon conjoint actuel, qui m’a fait découvrir une autre facette de ma personne. C'est-à-dire l’amour, le bonheur tant recherché. Je me suis réjouis d’avoir faire cette erreur en Algérie, car ça m’a permis de me construire un mental d’acier à l'âge de 25 ans, ne pas être réticent face à un amour sincère, accepter ma différence, être fière de mon origine africaine, prendre la parole face à la contradiction et argumenter afin de véhiculer un message d’acceptation. Nous avons une grande richesse, c’est d’avoir des expériences marquantes communes, et d’en sortir coriace. Ce que je retiens de ma vie, en tant que Personne Intermédiaire c’est ma capacité à faire face à l’adversité, le courage de m'orienter vers une destination qui ne fait pas l'unanimité, mais je suis convaincu que c’est ce qu’il y a de mieux pour moi.

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LA TROISIÈME PARTIE

La Troisième partie met en scène deux Personnes Intermédiaires à la croisée des chemins qui expriment leur Gémellité dans des sociétés hostiles à la fréquence énergétique à laquelle ils vibrent. Dans un contexte de survie, chacun d’eux a adopté des mécanismes de défenses pour éviter la désintégration de leur singularité.

Hostilité Ambiante – qu’en-dira-t-on: l’hostilité ambiante des sociétés kamites façonne les esprits, les consciences et les mentalités. Les parents-protecteurs se transforment en parents - destructeurs lorsqu’ils découvrent avec amertume la singularité de leurs enfants. Cette crainte d’être la risée de façon consciente ou inconsciente donne lieu à des accès de colère / rage pouvant se traduire par des propos virulents et des paroles vindicatives qui portent ombrage et offense aux Âmes Kamites Androgynes. Nous savons bien que les parents ont de la difficulté à se reconnaître dans des enfants qui sont particuliers et qui ne suivent pas leur ligne directrice. Dans notre cas de figure, ils ne tardent pas à se prononcer sur notre sort en se montrant réfractaires, belliqueux et sans pitié. Cette façon de procéder, qui traduit un obscurantisme sans précédent, fragmente nos âmes et déstructure notre cosmos intérieur. Les relations que nous tissons avec eux ont une incidence majeure sur nos relations amicales / amoureuses, forgent particulièrement notre caractère en société et déterminent en partie notre cheminement d'âme.

Mariage de convenance – incompatibilité: l'ostracisme et/ou la mise à mort sont deux réalités foudroyantes que les Personnes Intermédiaires intègrent dès lors qu’ils savent qu’ils diffèrent du restant de la société. Cette psychose imprègne l’état d’esprit des principaux concernés qui modifient considérablement / drastiquement leur comportement au sein de la communauté qu’ils aiment et à laquelle ils s’identifient. Le mariage de convenance se présente alors comme étant l’une ou sinon la seule issue de secours qui permet de se protéger, en ayant l’assurance d’être conforme à ce que la société croit qu’ils sont en réalité. La réalité est tout autre, elle est morose et insipide pour ceux qui s’engagent dans une union pour cacher leur être véritable. Cela s’avère douloureux et dévastateur pour les femmes qui sans le savoir participent à cette mascarade. Si de tels scénarios se produisent c’est en raison de la défaillance de nos sociétés qui ne sont plus ce qu’elles étaient et qui ne savent plus comment intégrer des Êtres régit par la Loi des Exceptions.

Âmes Kamites Androgynes – révélation: le fait de se définir par son orientation sexuelle / identité de genre est une caractéristique propre à la culture occidentale qui s’est transposée sous nos tropiques où l’aveu constitue une preuve évidente pour déterminer si l’individu sur qui les soupçons sont portées est réellement un abaissé (rire). Nous n’avons pas besoin d’énoncer ce qui transparaît et qui est évident aux yeux des autres. Effectuer un coming-out, c’est confirmer que notre singularité est basée sur les notions mentionnées ci-dessus, alors que notre essence kamite et ce qui fait de nous des Personnes Intermédiaires est en forte connexion avec le Cosmos Divin, le Féminin Sacré, la Force Tellurique, les Dons Innés - Talents Naturels & un Statut Particulier.

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